La montagne de Bange et le bois de Prépoulain, n’ont pas encore livré tous leurs secrets !
Le 07.04.2017, par BaptisteF
La montagne de Bange et le bois de Prépoulain, n’ont pas encore livré tous leurs secrets !
10ème entrée sur le vaste réseau de La Benoite Litorne Prérouge, le FE ouvre de nouvelles perspectives d’exploration en raccourcissant nettement le temps d’accès à ce secteur jusque-là reculé et pourtant central. Il confirme aussi le potentiel de cette grande dalle de calcaire urgonien, plissée et faillée au front du massif subalpin des Bauges. La géologie est ici particulièrement à l’honneur depuis 2011 avec la labélisation du Parc naturel régional comme Géoparc mondial UNESCO. Les grands plis dans les couches calcaires et les réseaux karstiques sont les 2 éléments mis en avant par le Géoparc, ce qui rejoint bien nos préoccupations spéléologiques : mieux comprendre l’organisation et le développement des réseaux souterrains, par et pour leur exploration. Les massifs de Bange-Prépoulain constituent la partie centrale d’un vaste ensemble qui va de la croix du Nivolet, au-dessus de Chambéry, jusqu’au Semnoz du côté d’Annecy. Cette dalle plissée et faillée est une part d’un vaste anticlinal de rampe qui se forme au-dessus d’un important chevauchement : le chevauchement frontal des Bauges. Ce pli est coupé en 2 ensembles par la cluse du Chéran qui draine vers elle une large part des circulations souterraines.
La dalle urgonienne affleure ici largement, elle est segmentée par une faille qui décale nettement les surfaces de ce massif. Cette faille (d’Arith) fait partie d’une famille de failles, interprétées comme des décrochements (le décalage vertical apparent résultant simplement du pendage des strates calcaires). C’est sur cette faille que s’est creusée la salle Fitoja et que se développe son nouvel accès, le FE. En arrivant dans le collecteur, cette faille est bien visible avec un beau mur vertical mouillé par l’eau de la rivière souterraine. L’équipement du second accès au niveau de la méduse permet d’ailleurs de descendre dans une brèche de faille, qui montre que l’épaisseur de la zone broyée est très variable. Cette faille semble même présenter un pendage à 45 degrés lorsqu’on a la capacité d’éclairer la section de la salle Fitoja, dans sa première partie.
La faille de Prépoulain, sœur jumelle de la faille d’Arith, compartimente aussi le réseau. Elle marque la limite des explorations en plongée. Limites qui seront sans doute repoussées par les perspectives de développement souterrain qui s’ouvrent sur le vaste secteur de St François de Sales. Si les spéléos n’ont pas encore trouvé le chemin, les traçages hydrogéologiques réalisés cette année ont déjà établis la connexion, l’ensemble de ces massifs étant drainé vers les sources de Prérouge. D’autres découvertes récentes dans le secteur du Mariet nous réservent aussi des surprises et pourraient encore augmenter le développement total de ce réseau. La présence du trou FE (et de la salle Fitoja) sur la faille d’Arith sont d’une grande logique, (encore fallait-il les trouver !) mais d’autres cavités se cachent sans doute aussi sous celle de Prépoulain. Encore de belles heures de prospection et d’explorations dans le massif ! La salle Fitoja, le réseau Benoite Litorne Prérouge et la faille de Prépoulain sont 3 des 60 géosites du Parc naturel régional / Géoparc du Massif des Bauges. Les 2 premiers ne sont bien sûrs accessibles qu’aux spéléologues, mais le Parc naturel régional / Géoparc du Massif des Bauges s’applique à porter à la connaissance du public l’ensemble de ces patrimoines de manières différenciées. Des missions photos ou des rendus d’exploration font l’objet de présentations publiques très appréciées, qui permettent de mieux connaître ces patrimoines et la pratique de l’activité.
Christophe Lansigu, PNR/Géoparc du Massif des Bauges