Après la pluie vient le beau temps...
La couleur du ciel et l'humidité ambiante laissent perplexe au moment du départ. Les kilomètres d'autoroute sont arrosés par des mètres cubes d'eau violemment déversés par un orage déchaîné. Puis vient l'accalmie qui s'installe à point nommé, juste le temps pour le groupe de garer les voitures au niveau du parking du barrage d'Aussois et de regagner le refuge 400 mètres plus haut. L'après-midi se termine ensuite comme elle a débuté dans la grisaille, le vent et la fraîcheur.
Deux ans qu'on l'attendait ! Quatre heures le lendemain matin, le ciel est clair et dégagé, cette fois-ci les éléments nous ont épargnés, nous partons de bon pied pour l'ascension de la Dent Parrachée.
Petite anicroche au départ de l'itinéraire d'approche rapidement rectifiée et, une fois le vallon de la Fournache traversé, nous voilà face à la première difficulté technique du moment, la belle montée à 40° en direction du Col de la Dent Parrachée. La première partie se fait sur une neige dure qui accroche bien, mais la formation de nombreuses vaguelettes ralentit la progression, chacun de nos pas est judicieusement calculé. Puis on quitte la neige pour rejoindre la zone d'éboulis, tapis mouvant de plaquettes de calcaire noir schisteux, un pas en avant... deux pas en arrière... éprouvant !!!
Après avoir "bartassé" de longues minutes, la sortie se fait non sans mal, décalée de quelques mètres à l'Est du Col. De là, tout le monde s'équipe et c'est maintenant à corde tendue que nous nous attaquons à la longue arête W jusqu'en haut de la Fournache. La vue est splendide, par endroit l'ambiance est gazeuse à en donner le vertige, l'assurage reste vigilant car, au même titre que la zone d'éboulis, tout est en mouvement et l'itinéraire devient parfois "paumatoire" !
Depuis la Fournache, l'arête finale est esthétiquement magnifique et nous permet de rejoindre sans problème le sommet. Les conditions sont optimales, nous sommes à 3697 mètres d'altitude avec une vue étourdissante digne d'un paysage de carte postale. Tous ensemble, on s'hydrate, on s'alimente, on admire... un peu de géographie également à l'aide des applications smartphones.
"Quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper"..., les sommets environnants appellent déjà certains d'entre nous à de nouveaux projets d'ascensions mais pour l'heure, il faut songer à regagner la vallée.
La brèche de la Loza n'est plus en condition pour être empruntée, la descente s'effectue donc par le même itinéraire via cette fois, le Col de la Dent Parrachée. De ce côté, une petite sente dessinée dans le schiste permet une progression plus facile dans la pente d'éboulis à 40°. Ensuite, la neige ramollie est également plus aisément praticable.
Que le vallon semble long, long, long, long... oups, seconde petite anicroche, elle aussi rapidement rectifiée et c'est fatigués mais ravis que neuf heures plus tard, nous arrosons "notre sommet" autour d'un verre à la terrasse du refuge.
Qu'il est plaisant de partager de tels moments dans un collectif si hétérogène. Un peu de ceci... un peu de cela... à chacun son histoire de vie, sa personnalité, ses objectifs et sa façon de vivre la montagne. Mais quel beau mélange riche en rencontres, en expériences, en échanges et en bonne humeur, digne porteur de "l'esprit Club alpin".