Pour achever en beauté ce cycle autonomie, un raid était au programme.
Après 3 sorties au cours de l'hiver, dans des conditions toujours compliquées voir difficiles, le choix s'est porté pour une virée en Italie et une boucle de 3 jours.
Au menu donc et au départ de Val d'Isère un raid transalpin.
3 étapes, 3 équipes qui chacune va prendre en charge l'une des étapes : itinéraire / gestion de groupe / prise de décision ... sous le regard attentif et bienveillant d'Olivier et Jean François – les 2 responsables du cycle.
Ce lundi de Pâques nous sommes donc 13 skieurs, au départ de Val d'Isère. Il fait froid et là-haut les crêtes et sommets fument, signe que nous allons devoir affronter un vent violent.
Les gorges de Malpasset passent au mieux en empruntant le chemin d'été totalement déneigé. Rapidement nous arrivons au refuge du Prariond où nous rejoignons une partie des randonneurs en route pour la Galise à 3343m. Le sommet est atteint facilement et en effet, le vent est d'une extrême violence. Nous plongeons bien vite sur le versant italien en direction du refuge Bénévolo. Mais auparavant nous nous offrons un « petit détour » pour gravir le Grand Vaudela à 3250m.
La soirée au refuge sera sympathique et conviviale, comme il se doit, avec comme toujours la qualité et l'accueil des refuges italiens.
Le lendemain, le vent a forci....et quelques nuages accrochent déjà les sommets. Nous optons donc pour la solution « simple » pour rejoindre le refuge Mario Bezzi. Pour ce faire, nous franchissons le col Bassac Déré à 3080m.
Une tentative sur la voie normale de la Grande Traversière sera stoppée à 3300m dans les nuages sous les assauts d'un vent violent et glacial.
L'arrivée au refuge Bezzi est impressionnante, les alentours du refuge sont ravagés par une avalanche venant de la Plate des Chamois et qui a emportée début mars une partie de la salle commune...Là encore, la soirée est fort sympathique avec un repas excellent et copieux...le tout arrosé par des vins du Piémont.
Au matin, le froid nous saisit...le vent est toujours aussi violent. Le programme du jour est copieux et technique. Une longue montée puis la Becca Traversière en traversée – 3338m. crampons aux pieds et skis sur le sac. Rapidement, le froid très vif gèle les pipettes et les bouteilles d'eau dans les sacs...Il fait froid comme jamais durant l'hiver 2017. Aujourd'hui, les conditions sont très difficiles et vu les températures, nous ne pourrons guère faire d'arrêts prolongés !
Mais le moral et la motivation du groupe sont au beau, encore dopés par la pasta et la grappa de la veille au soir. Tout au long de cette très longue journée – 10h. pour rejoindre Val d'Isère – le vent et le froid polaire seront de la partie.
Après la Becca Traversière, descente au pied de la face nord de la Tsanteleina –de plus en plus sèche. Je me souviens des années en arrière où cette descente était une « classique » du ski de pente raide ! Aujourd'hui, c'est une face rocheuse avec quelques goulottes de neige ou glace et un énorme bombement rocheux.
Et puis, nous arrivons au col de la Tsanteleina, que nous devons franchir pour rejoindre le col de Rhêmes-Calabre. Là encore, le réchauffement a laissé des traces. Le col que l'on franchissait aisément en skis il y a quelques années, a laissé place à une barre rocheuse de 50m. qu'il faut maintenant franchir à l'aide d'une corde pour prendre pied sur le glacier...L'opération à 13, nous prendra un certain temps et à n'en pas douter laissera à chacun des souvenirs...
Une rapide remontée pour arriver au col de Rhêmes-Calabre et il ne nous restera qu'à plonger sur Val d'Isère par la pente des Cavales. La descente que nous espérions en neige transformée en ce milieu d'après-midi, sera « béton ». Il fait tellement froid que rien n'a dégelé de la journée !
Au total, lors de ce raid de fin de cycle, ce ne sera pas moins de 4700m de D+ et 55km parcourus...le tout dans des conditions « hivernales » difficiles.
Alors, autonome vous avez dit ?
Dans tous les cas, un bien joli raid et beaucoup de plaisir partagé.
JF Grandidier – Avril 2017