La saison dernière il n'était que la première étape de notre longue et prétentieuse escapade. Le Mont Blanc lui ayant volé la vedette, nous avions juste frôlé son épaule avant même le lever du soleil. Cette année tout est différent, ce dimanche 3 juillet lui est complètement dédié.
Huit heures, après avoir enfilé le matériel et chaussé les crampons dans le tunnel de l'Aiguille du Midi, nos cinq cordées en duo prennent la direction du Mont Blanc du Tacul par la voie normale. A chacun son rythme, certains semblent déjà s'entendre et entament leur course sur une cadence dynamique tandis que d'autres progressent à tâtons le temps de coordonner leurs techniques. Les conditions du moment sont bonnes, la météo est clémente et la neige est dense sous les crampons.
Comme à son habitude, la face Nord du Tacul nous promet une course endurante avec un joli tracé en pente raide serpentant entre rimayes et séracs. L'ascension se fait sur un bon compromis permettant à chacun d'atteindre le col sans trop de souffrances physiques. Un vent violent dissuade la moitié du groupe à poursuivre jusqu'au sommet, pour les autres c'est à midi que nos crampons et piolets finissent de lacérer les dernières neiges du Tacul.
4248m, un panorama époustouflant s'offre à nous avec une vue dégagée sur de nombreux sommets français, suisses et italiens mais l'ambiance y est austère et les extrémités gèlent malgré les vêtements techniques et un soleil au zénith. Rapides congratulations, quelques photos souvenirs avec en toile de fond le Mont Maudit et le Mont Blanc et puis on redescend rejoindre les autres qui, restés statiques dans un trou à neige, souffrent également du froid.
Le retour se fait par le même itinéraire. La neige s'est transformée, le tracé est trafollé avec, par endroit, des plaques pulvérulentes qui nous obligent à la plus grande prudence. L'éventualité d'une chute n'est pas à écarter mais finalement tout se déroule sans encombre. Suivra ensuite l'éprouvante remontée de l'arête du Midi, certainement la partie la plus dure de la course avec la fatigue des derniers mètres.
En ce début d'après-midi, la forte affluence touristique à l'Aiguille du Midi et la panne technique d'une des cabines retardent notre retour à la voiture mais, qu'on se rassure, nos fervents supporters de l'équipe de France arrivent à temps à la maison pour le match de foot du soir !
Timing parfait, magnifique journée ! Et encore un grand merci à Daniel pour nous avoir une nouvelle fois offert l'opportunité de vivre la montagne pleinement dans un décor de rêve dont on ne se lasse pas.
Patricia R