"Changeons notre façon de faire. Et pour commencer, cessons de trop nous prendre au sérieux. A lire notre littérature, qui croirait encore que l'alpinisme est un jeu, un amusement, une distraction". Pierre Chapoutot
Après un matinal préambule d'approche de presque trois heures, la confrontation avec l'arête Ouest de "la Pointe de l'Observatoire" se présente tel le plan d'une structure de thèse. Tout d'abord, l'introduction avec sa question de départ suivie de sa problématique avancée : trouver le début de l'itinéraire. Il est bien entendu que, comme tout bon alpiniste qui se respecte, nous avons tous accordé une grande importance bibliographique dans la lecture préalable des différents topos. Cadre théorique rassurant, nous laissant présager une fois sur le terrain, le déroulement d'un parcours clair et précis. Seulement voilà, où est le premier cairn dans tout ce tas de cailloux ? Notre travail de recherche commencera donc ainsi, scruter le moindre indice pouvant nous mettre sur la "voie". Le concept de recul aidant à être plus objectif, et, à y regarder avec un peu plus d'insistance, un discret amas de pierres semble se distinguer du reste de la roche. Euréka, c'est bien ça, nous allons pouvoir choisir notre angle d'attaque et développer l'ascencion jusqu'au thème central, c'est-à-dire le sommet !
Bien que le rocher soit un peu "mousseux" et humide, les deux premières longueurs s'enchaînent facilement. Puis, pouf ! Comme par magie, le troisième relais nous fait un tour de passe-passe et reste introuvable suggérant, 40 mètres plus haut, un peu de piquant aux grimpeurs en tête qui se retrouvent alors en situation de fort "tirage", en adhérence sur une dalle en 3 qui se prend pour une grande et qui a escamoté prises et autres points d'assurage !
Entre deux barres de céréales, la suite du chapitre se déroule en réversible sur le fil de l'arête au gré de relais et de points d'assurage nomades sur sangles, friends et coinceurs. Dès lors, la première brèche atteinte, le programme paraît présomptueux. Le sommet est juste devant nous mais encore loin d'être accessible. La montagne est équivoque et les heures semblent avoir filé à toute vitesse. On le sait la belle dalle en 5 nous échappe déjà et avec elle, l'hypothétique ambition de contempler le panorama depuis le sommet. Nous garderons pour nous nos réflexions intimes et en toute humilité nous conclurons versant Sud par le rappel sur piton de l'échappatoire. Rien de grave, "l'échec est le fondement de la réussite" et demain nos thésards souliers compressifs agripperont à nouveau le rocher pour de nouvelles argumentations...