Le devenir de nos explorations, des choix rendus légitimes par la concertation.
Si la richesse de l'être humain provient en partie de la diversité de ses opinions, cette dernière amène aussi de nombreuses complications.
La question de la gestion des grottes et de leur protection est souvent l'origine de grands débats dans le milieu de la spéléologie, composé de personnalités fortement investies, de caractères pour le moins affirmés.
Les oppositions à ce sujet ont parfois causé des situations insolubles et des résultats contraires à ceux escomptés : ainsi des fermetures de grottes ont été suivies par l'effraction des portes mises et les émotions suscitées ont été à l'origine de saccages des trésors protégés, au nom, soit disant, de la sacro-sainte liberté.
Mais laisser libre l'accès n'est pas toujours idéal, ainsi le prouvent les pillages de nombreuses grottes, tels ceux de la grotte de Clamouse dans l'Hérault ou de la Balme à Collomb en Savoie.
Après l'ouverture de la grotte FE, permettant un accès relativement aisé à la salle FITOJA , une réflexion a été engagée concernant les choix à faire en terme d'aménagement, d'accès et de protection de cette grotte.
A qui revient la légitimité de statuer sur ces choix ? Impossible de trancher, aussi cette réflexion a réuni les inventeurs de la salle, le découvreur de la nouvelle grotte et des participants à sa longue désobstruction, le CDS 73, les géologues et gestionnaires du Geopark des Bauges, et de l'Université Savoie Mont-Blanc avec le laboratoire EDYTEM , spécialisé dans la gestion des patrimoines montagnards et karstiques, ainsi que la Mairie de la commune concernée (Arith, avec à sa charge de gérer le contact avec le propriétaire).
Si les débats ont été animés et les égos parfois un peu froissés de devoir se plier au jeu de la démocratie, le résultat est aujourd'hui tout à fait positif et semble reconnu par l'ensemble des participants.
Les choix opérés sont de conserver la grotte ouverte, de publier largement les informations après que des mesures de protection (balisage dans la salle de FITOJA, pancartes posées dans les entrées du réseau) aient été effectuées, de laisser en place les points fixes (ancrages en inox), mais pas les cordes dont la gestion reste coûteuse et compliquée en terme de responsabilité.
La confection des panneaux d'explication, le choix du cheminement et des techniques de balisage ont aussi été discutés.
Si ces choix ne sont pas forcément issus d'un consensus c'est-à-dire d'un choix partagé par tous, ils ont été obtenus par consentement ou absence d'opposition ferme des personnes ayant participé à cette réflexion.
Le principe d'une écoute respectueuse des positions de tous, permettant de modérer l'aspect émotionnel du débat, et la conviction quasi unanime de la légitimité d'un choix démocratique intégrant toutes les personnes associées à la découverte, au travail de désobstruction, d'équipement effectué ou à la gestion de cette cavité et du patrimoine qu'elle constitue, font d'ores et déjà de cette aventure une réussite, qu'il s'agira d'évaluer avec le recul des ans et le bilan du suivi de l'intégrité de la salle qui devra prolonger l'expérience, sur un mode tout aussi volontariste et participatif bien sûr !
Cette approche, basée sur l'intelligence collective, est à développer dans nos aventures souterraines, dût-elle mettre au chômage la commission disciplinaire de notre fédération, notre pratique n'en sera que plus plaisante, mais sa réussite sera conditionnée par notre conscience de l'importance de respecter les consignes et d'adapter notre pratique afin de protéger ce formidable patrimoine que recèle le monde souterrain.
Yann