Salle FITOJA

Le 09.04.2017, par BaptisteF


À partir de la Méduse, après une ving- taine de mètres où les dimensions de la galerie prennent de l’ampleur, selon le niveau de la rivière on peut progresser sur une vire rive gauche puis en redescendre plus loin pour traverser de nouveau le cours d’eau sur de gros blocs pour rejoindre la rive droite encombrée d’un éboulis remontant contre un magnifique miroir de faille bombé, de couleur sombre veinée de niveau de crue fort haut. Une tyrolienne de 17 m de longueur installée début 2016, permet alors de traverser un lac profond lorsque des crues sont en cours sinon ce petit plan d’eau verte situé à 60 m de distance du R 4,5 (cote –279) est un havre de paix bordé d’une plage de sable fin, c’est le point clé d’entrée dans le sanctuaire des Bauges, la salle Fitoja.

Havre de paix

La rivière coule au pied du miroir contre la paroi droite, il faut passer sur la rive gauche pour grimper selon un talus d’argile glissant et rejoindre le barrage de gros blocs gênant l’écoulement du cours d’eau.

On progresse ensuite sur une portion plane couverte de blocs, avec sur la gauche une immense coulée stalagmitique et sur la droite le collecteur qui évolue sur ou sous les blocs coincés contre le miroir de faille. Environ soixante-dix mètres plus loin, la rivière s’enfuie dans les blocs à la cote –281,5. À partir de là, Fitoja prend encore plus d’ampleur, à 50 m de la perte de la rivière (en étiage), à la cote –282,5 on peut s’insinuer entre les blocs pour chercher à rejoindre l’actif, c’est par là que par une longue désobstruction difficile, une liaison a été réussie avec les Colonnes d’Hercules en amont de la salle de l’Olympe, partie

explorées par les plongeurs en arrivant de la grotte de Prérouge1. Ce secteur reste tout particulièrement dangereux car évoluant dans une trémie haute de 50 m régulièrement chamboulée par les crues.

Calcite étincelante

Nous poursuivons notre périple par la gauche, le bruit de la rivière disparait progressivement, le calme reprend possession des lieux et Fitoja présente une grande remontée sur les blocs et les dômes de calcite, décorée de concrétions dont la densité va croissante au fur et à mesure de notre avancée. On peut même voir, une immense aiguille penchée, puis un Obélix dressé dans cette avenue des Dieux. Un col est atteint à – 256,5 m, un énorme trou noir à l’emporte-pièce dans le plafond situé à plus de 20 m laisse arriver des actifs élaborant depuis des millénaires tout ce que la nature peut imaginer pour nous émerveiller.

La chute des gouttes qui éclaboussent, les filets d’eau qui ruissellent, sur cet éboulis recouvert de calcite étincelante, la balade se fait obligatoire, de gauche à droite dans cette immense caverne large de 50 m, contournant des massifs de fleurs, évitant des gours immaculés, extasié devant tant de beauté, la suite ne peut que difficilement se raconter tant les images incrustées dans nos rétines défilent sans cesse, au risque d’en oublier.

Une descente sur la coulée stalagmitique s’amorce et s’éternise, de belles colonnes se dévoilent, des fistuleuses foisonnent parfois hautes de 4 m, d’énormes gours imbriqués et remplis d’une eau verte semblent nous accueillir pour une paisible baignade. La pente se fait raide puis un effondrement se présente, véritable cratère terminal, il

correspondant à un lac ancien aujourd’hui disparu avec un niveau d’eau visible, tracé sur sa périphérie. Le fond quasi plat est couvert de calcite, en se penchant un peu, on peut remarquer les nombreuses traces de bottes, cristallisées et témoignant de notre passage et de celles des stages École Française de Spéléologie (EFS) d’il y a une trentaine d’années.

Grands candélabres

Tout particulièrement du côté gauche, on remarque des concrétions boursouflées colorées d’argile ; au même endroit, des fistuleuses blanches et cristallines dénotent avec cet ancien remplissage. Ce phénomène de double couleur est d’ailleurs remarquable également avant ce fond où de grands candélabres sont teintés d’argile sur une bonne hauteur puis brutalement passe au blanc propre de la calcite vierge. Phénomène inexpliqué comme si la salle avait eu une période de comblement par de l’argile disparu depuis.

Nous sommes au fond, devant nous un affaissement du sol précède un plafond qui s’abaisse, on peut encore se faufiler sur quelques mètres et tout est bouché à moins 302 m, la salle Fitoja s’achève ici après 500 m de parcours. Ce bouchon de gros blocs s’ennoie en crue laissant croire à un siphon d’émeraude alimenté par des ruisselets issus des multiples arrivés d’eau depuis la voute de la salle.

En contrebas et dans l’axe, la topographie et les explorations dans la grotte de Prérouge nous montrent que la trémie dans la salle des Colonnes d’Hercule est juste là, à portée de crayon mais bien loin d’une liaison possible pour nous autres spéléologues. 

Il faut s’en retourner ce qui permet de suivre un autre itinéraire pour voir ce qui n’avait pas encore été vu, pour se remplir encore la tête de toutes ces formations. D’habitude on les trouve dans les plaquettes publicitaires des grottes à visiter. Un projet de tunnel est au XXIe siècle imaginé par certain, malheureusement il sera bien difficile de faire valoir notre invention, cette découverte ne nous appartiendra jamais nous n’aurons eu que le privilège et la satisfaction d’avoir été les premiers. En 2016 une nouvelle cavité jonctionne avec ce terminus si difficile à atteindre auparavant, il ouvre alors la visite à un plus grand nombre de spéléologues. Une protection est tentée, un balisage mis en place, mais que deviendra plus tard notre Fitoja des années 80, notre bonheur d’avoir nous aussi un jour découvert une face caché de notre terre ?

Peu de gens, voir aucun, se demandent d’où vient ce nom « FITOJA » entériné depuis 35 ans maintenant, Fitoja n’est que la réunion des premières syllabes de trois surnoms, trois copains de tous les coups, appellation pour sceller leur amitié qui perdure encore et pour toujours : PhilippeFiel dit Fifi, Christian Hermen dit Toto et Jacques Nant.

Depuis la rédaction de ce texte un itinéraire balisé guide la visite pour respecter ces lieux fragiles.

Le réseau de la Méduse

À partir de la grande méduse (qui est d’ailleurs double) qui précède la salle Fitoja à –267,5, une escalade sur 9 m de hauteur sur le bord droit de celle-ci (équipée en 2016) nous avait permis de découvrir une belle artère sur plusieurs dizaines de mètres jusqu’à ce qu’elle atteigne un P4,5 avant de retomber en plein vide à environ 30 mètres au-dessus du grand plan d’eau formant la base du dernier P 10 du collecteur.

Un peu avant, à – 246 m et vingt-mètres après une arrivée d’eau chutant de 10 m de hauteur, on trouve une petite salle où le conduit se partage et remonte en perdant de la hauteur pour former une conduite forcée. Au ras du sol on peut voir un départ très bas où l’on entend ronfler le collecteur. On trouve aussi une galerie qui coupe le méandre à 90°. Sur la gauche arrive en pleine paroi une boucle en provenance de l’amont vu auparavant ; du côté droit cette galerie traversante peut être rejointe en grimpant un R 6 puis un R 4 pour atteindre un premier étage supérieur. 

 

Méduse supérieure par Fitoja express

Du sommet des deux ressauts, vers l’amont côté nord, une belle galerie ébou- leuse permet d’avancer de 60 mètres jusqu’à un puits de 8 m redonnant sur l’extrémité de l’étage précédent non loin du collecteur.

À mi-chemin, en grimpant un R 4 sur un côté de la galerie, un troisième niveau fossile peut être atteint, mais cette galerie de 4 m de largeur qui s’enfuie vers l’aval est presque entièrement colmatée après 15 m de parcours. L’autre côté semble avoir été retrouvé par ailleurs.

Vers l’aval, il faut rapidement grimper un R 2 puis 15 m après on débouche dans une salle concrétionné d’où partent 3 galeries.

La première vers l’aval donne vite sur un P 10 équipé en 2016 et qui redonne dans la galerie inférieure.

Sur la gauche en remontant un R 2 présentant un « pas » délicat, on suit une belle galerie qui après 10 m présente une branche latérale ouvrant sur un P 15 accédant vers la grande méduse de la galerie sous-jacente.

La suite de la galerie oblige à se mettre à plat ventre dans un joint de strate large de 3 à 4 m. Après un coude à angle droit, elle reprend de belles dimensions avec un joli plafond vouté témoignant de son origine noyée. Après un R + 3, elle se met à descendre fortement jusqu’à une salle de 6 m de diamètre où une arrivée d’eau impénétrable arrive, mais également deux départs amont vite bouchés par des blocs. Vers l’aval on peut encore faire 30 m pour atteindre à –229,5 m, un colmatage argileux où seule l’actif s’insinue. Les dimensions à cet endroit sont de 10 à 15 cm de haut pour une largeur de 3 mais aucun courant d’air n’a été perçu le jour de la découverte. 

 

De la salle carrefour, sur la droite, il faut monter sur une coulée déversante (équipé en 2016) à fin d’atteindre un départ situé huit mètres plus haut. Il mène dans une zone chaotique où deux salles se côtoient séparées d’une faible paroi ébouleuse et où trois suites sont possibles.

À l’extrémité ouest de la première salle, le premier départ est un conduit bas remontant, encombré de blocs jusqu’à un R–4,5. Une diaclase étroite démarre à sa base et après 10 m une arrivée d’eau au plafond arrose un R–3,5 qui permet de recouper un méandre. Vers l’amont ce dernier devient impénétrable après 15 m. Vers l’aval il se suit sur 30 m jusqu’à un P 10 actif retombant dans la petite salle dans la galerie inférieure.

Le second départ, souffleur, est en haut et du côté ouest de la seconde salle. C’est un boyau ébouleux de 1 m de diamètre, long de 20 m il était obstrué par une dalle en travers à la cote – 213 m. C’est là que le Trou FE est arrivé le 26 janvier 2016, ouvrant une porte rapide et sécuritaire dans le fond du Creux de la Litorne. Ce passage reste néanmoins très bas et mériterait d’être plus cordial et éviter de se salir avant d’aller dans Fitoja.

Le troisième départ à l’extrémité nord de la seconde salle, s‘ouvre au travers d’un rideau de concrétions et présente immédiatement un ressaut descendant de 2 m, puis une belle amorce de galerie sur 20 m, il mène à un colmatage partiel d’argile à la cote –222 m.

Un bon courant d’air en sort mais il semblerait qu’il s’agisse de la galerie du troisième étage déjà décrite auparavant, seules quelques mètres empêchent de passer .

 

 


 

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