CR de la sortie rando « Sur les traces de Roger Frison-Roche »du D 12/07/2020

Une petite rando prévue initialement pour le début de saison sur ce VERSANT DU SOLEIL cher à Roger FRISON-ROCHE, rapidement déneigé au printemps. Avec la pandémie Covid et les restrictions sur le co-voiturage, c'était une rando de proximité qui permettait aussi de découvrir des sentiers que la plupart ne connaissent pas.. et de partager un certain nombre de connaissances. Mon accident de VTT l'a un peu retardé !

  la cascade de la Roche à 10 mn

Voitures garées comme prévu près de la place du marché couvert à Beaufort (alt. 740m), nous avons "attaqué" la montée aux Curtillets où j'avais donné rendez-vous, près de la chapelle, à mon ami géologue et cafiste Gilles de Broucker qui habite tout près d'ici.

Après les présentations d'usage, celui-ci nous a tout d'abord raconté la rénovation de cette chapelle intervenue en 2012 avec l'aide de la commune et du Conseil Départemental puis il nous l'a fait visiter.

Quelques dizaines de mètres plus haut, en observant le paysage, Gilles nous a donné des explications géologiques sur la formation des falaises granitiques du défilé d'Entreroches ainsi que sur les coulées de boues de la forêt "ivre" entre le Bersend et Roselend qui barrent régulièrement la route près des Cernix. Il s'agirait de couches de dépôts morainiques qui se sont imbibés d'eau au fil du temps et qui glissent sur les argiles. A défaut des conférences et randos du géo-festival prévues et annulées cette année, nous avons été contents de pouvoir profiter de ces informations.

Nous avons ensuite repris le sentier qui, passant vers de nombreux chalets bien rénovés avec leur toits en tavaillons ou en ancelles et leurs jolis balcons traditionnels, conduit jusqu'au hameau des Prés.

Les amateurs de photos s'en donnaient à cœur joie : onagres, mauves... panoramas vers Arêches et le Grand-Mont, la brèche de Parozan, la Pierra Menta, la vallée du Doron, les Bauges, jolie "boute" garde-lait au toit végétalisé.

restes de moulins et pressoirs...

Et quelques explications sur le "fmari"* (bordé de « tsés ou rumex et le "murger"* en passant près d'un vieux chalet.

Un peu plus haut, nous entrons dans la forêt et atteignons le lieu-dit Roche Noire, carrefour de sentiers. Et là, au lieu de bifurquer à droite pour rejoindre directement le Péchard (ou Péchaz, dans les livres de Frison-Roche), et au vu de la forme des participants et de la météo, nous faisons le choix de monter jusqu'au Plan du Mont (alt.1500m) pour pique-niquer.

Nous redescendons maintenant en direction du Péchard. Je repère un petit coin confortable à l'ombre d'un chalet pour rappeler aux participants les origines de Roger Frison-Roche et les principaux épisodes de sa vie mouvementée racontés dans son roman autobiographique "Le versant du soleil" : les vacances de sa jeunesse chez son oncle Maxime et sa tante Marie tout près d'ici qui lui ont donné l'envie de vivre en montagne, l'arrêt des études et des emplois quand il avait une quinzaine d'années dans les agences Thomas Cook et au TCF à Paris grâce à la recommandation du secrétaire général du Club Alpin Français. Après ces expériences formatrices qui lui donneront aussi le goût de l'aventure, il déniche un emploi à Chamonix comme secrétaire au syndicat d'initiative, chargé aussi d'aider à l'organisation de multiples rencontres sportives dont les premiers jeux olympiques d'hiver.

Il peut ainsi sur ses loisirs commencer à gravir les sommets et entrer en relation avec des guides célèbres de l'époque. Il deviendra même en 1930 le premier guide étranger à la vallée à pouvoir intégrer la compagnie des guides de Chamonix et l'année suivante le premier moniteur de ski diplômé de France.

Ses envies et ses capacités l'entraineront ensuite aux quatre coins du monde, y compris dans le désert, et lui fourniront matière à de nombreux romans (que vous pourrez d'ailleurs trouver dans la bibliothèque de notre nouveau local). Je pense sincèrement qu'il a suscité beaucoup de vocations de montagnards et d'explorateurs.

Mais reprenons notre chemin. Une centaine de mètres de dénivelé négatif et nous parvenons à ce fameux chalet du Péchard que Roger F-R décrit amoureusement. Il est maintenant occupé par une famille qui s'est lancée dans l'élevage d'alpagas et qui propose une visite commentée. Une bonne partie du groupe adhère pendant que les autres attendent patiemment en faisant une petite sieste.

Le retour à Beaufort va s'effectuer via les Villes-Dessus et un joli sentier en forêt avec quelques passages escarpés. Au final, un peu plus de 900m de D+ quand même.

Nous nous séparons après avoir bu le verre de l'amitié près du vieux pont.

En espérant avoir répondu aux attentes (physiques et intellectuelles) des participants et en espérant avoir donné envie de lire ou relire l'un des livres de Roger F-R.

                                                                                     Jean-Claude MONOD

* petit enclos de pierres sèches que l'on peut voir au-dessous des fermes où les paysans jetaient le fumier.
* tas de pierres plus ou moins gros, parfois arborisé, constitué des pierres retirées sur les prés au fil des siècles.